AUNOU LE FAUCON
Tour aux Anglais
(écrit de Pierre COEUCHE)
Foulques d’Aunou, compagnon de Guillaume le Conquérant,
serait originaire du village d’Aunou, la légende le faisant partir du
Port d’Aunou à la conquête de l’Angleterre.
Les fouilles archéologiques réalisées sur le site en 2013 ont mis
en évidence un habitat antérieur au XIIe siècle. Des fossés, des
emplacements de pieux de clôture et des poteries en témoignent.
On peut déterminer l’époque du bâtiment grâce à plusieurs éléments
d’architecture : les contreforts, la fenêtre à meneau du pignon Ouest,
les conduits de cheminées en encorbellement sur les façades et des
encadrements de portes, dont celle du 1er étage donnant sur une
galerie aujourd’hui disparue… Une construction était accolée au
pignon Est, car les ouvertures géminées permettant d’y accéder sont
toujours en place.
L’édification de la Tour est à rattacher à l’occupation anglaise, dont les troupes ont quitté Argentan et sa région dans la 1ère partie du XVe siècle. La remise en eau des fossés a permis de retrouver des boulets de pierre, témoins des escarmouches à cette période. Aunou fut une forteresse du baillage de Caen, comme en atteste un rapport de visite des inspecteurs du Roi en février 1372.
Odolant DESNOS, dans ses « Mémoires Historiques… » indique qu’en 1377 Pierre II, comte d’Alençon acquit de Robert de Thibouville la baronnie d’Aunou, dont il fit don à son chambellan Jacques LEGRIS. Ce cadeau déplut au Comte de Carrouges, époux de Marie, la fille de Robert, qui accusa LEGRIS d’avoir abusé de sa femme.
Après le très long procès qui les opposa, ils se sont affrontés à Paris le 22 décembre 1386 dans ce qui sera le dernier duel judiciaire de l’Histoire. En 1594, la baronnie d’Aunou et ses terres furent engagées à François d’O, surintendant des Finances des rois Henri III et Henri IV. S’ensuivit une longue suite d’engagistes de la Couronne jusqu’à la Révolution, puis la vente comme Bien National. C’est alors que toutes les constructions annexes ont été détruites, y compris la chapelle.
Ce sont les importants travaux de restauration engagés depuis 1994 qui permettent de faire renaître aujourd’hui un des plus anciens bâtiments de l’Orne.